MAUVAIS
SANG
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Arthur Rimbaud
j'ai
de mes ancêtres gaulois, l'œil bleu blanc,
la cervelle étroite, et la maladresse dans
la lutte. Je trouve mon habillement aussi
barbare que le leur. Mais je ne beurre pas
ma chevelure.
Les Gaulois étaient les écorcheurs de bêtes,
les brûleurs d'herbes les plus ineptes de
leur temps.
D'eux, j'ai : l'idolâtrie et l'amour du
sacrilège; -oh ! tous les vices, colère,
luxure, - magnifique, la luxure; -surtout
mensonge et paresse.
J'ai horreur de tous les métiers. Maîtres
et ouvriers, tous paysans, ignobles. La main
à plume vaut la main à charrue. -Quel siècle
à mains !-Je n'aurai jamais ma main. Après,
la domesticité mène trop loin. L'honnêteté
de la mendicité me navre. Les criminels dégoûtent
comme des châtrés : moi, je suis intact,
et ça m'est égal.
Mais ! qui a fait ma langue perfide
tellement, qu'elle ait guidé et sauvegardé
jusqu'ici ma paresse ? Sans me servir pour
rien même de mon corps, et plus oisif que
le crapaud, j'ai vécu partout. Pas une
famille d'Europe que je ne connaisse.
-J'entends des familles comme la mienne, qui
tiennent tout de la déclaration des Droits
de l'Homme. -J'ai connu chaque fils de
famille
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